En chemin,
une adorable grand-mère sort de sa maisonnette et insiste pour nous offrir à
boire. Elle s’absente quelques instants puis revient avec, pour chacun, un
sucre et un verre d’eau. Plus que ce petit cube d’énergie, c’est la gentillesse, la bonté de cette Dame qui nous redonnent des forces.
Après une
crevaison et quelques gouttes, l’étape se termine par une descente vertigineuse
jusqu’au monastère de Mileseva, surplombé par la mosquée d’Hisardzik et son
coran de 400 ans, le plus vieux des Balkans.
Après une
éprouvante journée, on nous fait savoir qu’il n’est pas possible de planter la
tente autour de l’imposante abbatiale, mais que des chambres y sont à louer.
Même si la somme est modique, nous devons faire nos comptes : les quelques
dinars qu’il nous reste sont normalement destinés à faire des courses (car nous
avons faim !). On nous autorise finalement à payer la chambre en euros.
Pendant ce
temps-là, assis à la terrasse du bar faisant face au monastère, deux couples
ont tendu l’oreille. Sans doute inquiets pour nous, ils filent à l’épicerie la
plus proche et reviennent vingt minutes plus tard avec deux sacs entiers de
provisions qu’ils refusent que nous leur payions…
Chaque
jour, de façon totalement désintéressée, des personnes ont un geste, une
attention pour nous… C’est remarquable, très touchant et cela réconcilie avec
le genre humain… Il est bon de vivre sans télé ni radio…
Jeudi 12. Dernière
journée en Serbie. De 450 m d’altitude, il faut remonter à 1 300 m pour passer
la frontière. Durant l’ascension et comme cela a été le cas tout au long de
notre traversée du pays, les Serbes ne sont pas avares d’encouragements, de
sourires et de coups de klaxon.
Une fois
les passeports tamponnés, nous nous laissons glisser jusqu’à Pljevlja, première
ville monténégrine sur notre route. Nous gagnons le centre-ville pour retirer de
l’argent (des euros, même si le pays n’est pas dans la zone euro) avant d’aller
chercher un peu de tranquillité et un endroit où dormir. Après une demi-heure
de recherches infructueuses, nous demandons un peu d’aide à un agriculteur circulant
sur son tracteur. Au loin, du doigt, il nous indique un coin, chez lui. Slavisa,
son frère, pointe son nez à ce moment-là et nous le suivons jusqu’à la ferme. Trois
générations y vivent. Après avoir planté la tente, nous entamons un match de
basket avec le fiston Bojid, sous les yeux de la cousine Lydija et du petit
dernier Aleksandar. De retour des champs, Brane, qui aurait sans doute eu
d’autres chats à fouetter, allume de bon cœur le barbecue pour griller la
viande que Slavisa est allé acheter. Un verre de lait pour trinquer, nous
mangeons d’un bon appétit un inespéré et succulent repas.
Vendredi
13. Zaga, la grand-mère, et Tajiana, la maman, guettent notre réveil. Elles ont
préparé le petit déjeuner, bien mieux qu’à l’hôtel. Nous ne sommes près
d’oublier la famille Mrjak et cette première nuit au Monténégro.
Cette
première journée non plus : les montagnes sont magnifiques, le Monténégro
porte bien son nom. Nous commençons par une bonne grimpette qui nous mène sur
un magnifique plateau dominant les gorges taillées par la rivière Tara. Le
canyon est le plus profond d’Europe (1 300 m), et il nous faut ensuite
descendre un bon moment avant d’entrevoir le cours d’eau…
Samedi 14,
dimanche 15. Nous finissons la descente entamée la veille jusqu’au pont
enjambant la Tara. La montée nous mène ensuite sur un vaste et nouveau plateau d’où
nous rallions Zabljak, ville la plus haute des Balkans (1 465 m). Nous y avons
loué une maisonnette dans une ferme pour deux nuits, de façon à pouvoir
randonner une journée dans le parc national du Durmitor.
Lundi 16. Après
la plus dure, voilà la plus courte étape du voyage (17 km). C’est sans conteste
la plus belle aussi. Ces derniers temps, nous regardons attentivement la météo.
Trois jours de grand beau sont annoncés. Nous fonçons, direction le cœur du
parc national pour passer la nuit au pied des plus hautes montagnes du pays. La
route est à couper le souffle. Il y a peu de voitures, le paysage est grandiose.
Nous arrivons au col de Sedlo, sans même sentir l’effort tellement nous sommes époustouflés.
Nous plantons la tente quelques kilomètres plus bas…
Mardi 17. Encore 40
km d’un itinéraire de rêve, pour continuer notre progression à travers le
Durmitor. La Transfagarasan peut aller se rhabiller. La route P14 est d’une
beauté hallucinante. Nous passons, par vagues, de 1 900 m à 750 m
d’altitude. Le Monténégro nous en met plein la vue.
Nous
passons la nuit sur le parking du monastère Piva. Nous buvons une bière et
jouons au palet vendéen avec Anna et Corentin, deux jeunes camping-caristes français
ayant eu la même idée que nous.
Mercredi
18, jeudi 19. Sur une route parfaitement asphaltée, nous enchaînons 47 km de montagnes russes jusqu’à Niksic, où nous faisons
une halte pour laisser passer un jeudi pluvieux et préparer nos deux dernières
étapes avant d’atteindre Kotor et la mer tant attendue…
Nous vous avons délaissés un petit peu ces quelques dernières semaines... et nous sommes ravis de pouvoir vous suivre à nouveau.
RépondreSupprimerLes paysages sont magnifiques, et bravo les photographes...!
Hâte de découvrir les prochains clichés... comme quand on partait en vacances étant enfants et que nos parents nous disaient "Regardez, on voit la mer...!!!"
Gros bisous à vous quatre (et on vous met de côté un peu du millésime 2019).
Caro, Julien, Jeanne & Adrien.
Par votre présence à ses côtés ( même si elle a été brève ) vous avez sûrement apporté un rayon de soleil à la " Dame au sucre " qui ne doit pas voir souvent passer devant chez elle une famille ( de plus, etrangère) à vélo !
RépondreSupprimerComme vous vous souviendrez d'elle, elle se souviendra de vous.
Frieda et Helmut
Quel plaisir de vous retrouver après les vacances et de revoir ces magnifiques routes de Roumanie et Montenegro.
RépondreSupprimerBravo à vous 4, nous savons combien ces trajets peuvent être difficiles.
Continuez à nous faire réver
Anne et Hervé