mardi 22 octobre 2019

Un petit tour en Grèce

Lundi 14 octobre. De Papigko, nous rejoignons le refuge Astraka, juché au sommet d’un col d’où la vue sur le massif du Tymfi donne déjà envie d’être au lendemain. L’ascension est longue mais facile, elle suit les rives d’un ruisseau à sec. Après avoir pris possession de nos lits, nous profitons de la soirée et d’un repas face au coucher du soleil.

Mardi 15. Un couillon, ayant sans doute oublié qu’il était dans un dortoir, fait sonner son réveil à répétition dès 6 heures du matin. Tout ça pour quitter son lit à 8 heures et commencer une ascension à 9h30… Nuit trop courte donc avant une randonnée longue et physique. Nous nous rendons compte bien tard que nous nous sommes trompés de chemin. Nous faisons alors un gros détour (quelle chance) hors sentiers dans des pentes qu’affectionnent particulièrement les chamois. Par dizaines, ils nous offrent un spectacle magnifique. Cette erreur de parcours nous permet également d’admirer le lac Drakolimni depuis le sommet des falaises que nous n’aurions dû voir que du bas. Le retour à Papinkgo est long et nous retrouvons avec bonheur nos lits laissés l’avant-veille.

Mercredi 16. Avec quelques courbatures, nous reprenons les vélos pour regagner l’Albanie. Nous roulons sur des routes quasi désertes mais larges comme des autoroutes, au milieu des montagnes. Le compteur d’Anatole, en plus d’afficher la vitesse, indique 41 °C… Nous atteignons la frontière en fin d’après-midi. Nous assistons à l’arrestation de trois types. Le long de la route, il y a un nombre impressionnant de policiers et de véhicules des douanes, floqués anticriminalité ou antifraude… Nous plantons la tente à un ou deux kilomètres de là, derrière une petite bosse nous cachant de la route, le long d’un chemin. C’est presque sans surprise, mais avec l’inquiétude de nous faire chasser, que nous voyons débarquer la police. A la vue de deux blondinets en train d’écrire leur cahier, ils sont presque gênés de nous avoir dérangés. Ils repartent, non sans avoir validé notre choix de campement.




Jeudi 17. Nous plions la tente. Deux types sortent d’un 4x4 flambant neuf : Frontex, nouvelle police européenne des frontières. Ici, c’est un Allemand qui travaille avec un Albanais. Comme la veille, ces deux-là s’excusent presque de perturber notre départ. Ils nous parlent de leur métier, des migrants, etc. Nous savons que nous avons de la chance d'être français...
Après une nouvelle longue étape, nous retrouvons le bord de mer, pas mécontents d’arriver à Ksamil.

Du vendredi 18 au jeudi 24. Située en face de Corfou, Ksamil est une station balnéaire touristique, bien calme en cette saison. Les plages sont paradisiaques. Voilà un bel endroit pour fêter l’anniversaire de Lison, nous accorder une semaine de repos et dire au revoir à l’Albanie.



         BONNES VACANCES !
Et pour ceux qui sont dans le Mâconnais, n’hésitez pas à aller fêter Halloween à Davayé, le 31 octobre. Toujours préparées et mises en scène par le Sou des écoles, les animations s’annoncent encore plus terrifiantes que les années précédentes...
Regardez donc ces deux teasers, ici et … et suivez les prochains sur le site du sou.

dimanche 13 octobre 2019

L'Albanie hors des sentiers battus

Lundi 7 octobre. Au départ de Durrës, nous longeons l’autoroute. Même si les Albanais nous la recommandent, même si on y trouve des vélos, des auto-stoppeurs, des charrettes, des vendeurs de fruits et légumes et des piétons, nous essayons de l’éviter. Ce n’est pas chose aisée, ça demande une navigation fine et quelques détours.
La journée est marquée par les échanges que nous avons avec de jeunes Albanais toujours enclins à venir nous saluer, à vouloir nous aider ou à nous questionner. A midi, alors que nous pique-niquons sur un banc, ce sont cinq jeunes collégiens qui viennent longuement parler avec nous. Un gamin vient ensuite nous apporter deux bouteilles d’eau et nous invite à venir nous installer dans le bar de son papa, de l’autre côté de la rue. Il nous offre le café.
Le soir, alors que nous nous engouffrons sur une piste à la sortie d’un village pour chercher un endroit où dormir, c’est Denis et son copain qui nous accompagnent un bout de chemin, jusqu’à nous indiquer une parcelle plantée d’oliviers. Ils nous regardent monter la tente. Ce sont ensuite une dizaine d’ados qui arrivent, curieux mais timides et plein de questions. Les adultes, allant ou rentrant des champs, s’arrêtent également pour nous saluer. Une tente plantée là au milieu, ça ne choque personne. Jeunes ou moins jeunes semblent honorés et peut-être fiers que nous ayons choisi leur village pour passer la nuit. Nous sommes un peu fatigués et tous finissent heureusement par partir. Une fois la nuit tombée six d’entre eux reviennent avec un sac plein de tomates, de grenades et de gâteaux…

Mardi 8. Il a plu quelques gouttes dans la nuit. Nous découvrons un beau ciel bleu en ouvrant la tente. Nous apercevons également le vieux berger muet, chahuté et moqué la veille par les ados, entouré de ses brebis, caché derrière un arbre, d’où il nous fait coucou. Il s’approche petit à petit et tente de nous subtiliser une paire de lunettes de soleil. Il veut ensuite nous l’acheter. Au moment du petit-déjeuner, nous nous apercevrons qu’il a dérobé notre poubelle ainsi que notre éponge de voyage (spécialement tricotée par Jacqueline). Par quelques gestes et plusieurs onomatopées, il nous indique qu’il a faim. Nous lui faisons une tartine de confiture de figue qu’il a le plus grand mal à manger en raison de son unique dent. C’est ensuite une bergère et son troupeau de dindons (spécialité de la région) qui vient nous saluer. Enfin Denis apparaît, venu nous dire au revoir. Ces touristes installés sur le terrain de son père, c’est un bon prétexte pour sécher les cours…
Nous partons, le berger gaga aux trousses. Il court comme un dératé, pousse des cris, voulant s’assurer que nous prenons la bonne piste. Nous entendons pétarader derrière nous… C’est Denis !… sur une mobylette déglinguée… toujours pas décidé à aller en cours. Il nous devance et nous conduit jusqu’à la route asphaltée.
Avec ses montagnes, ses collines, ses oliviers et la chaleur, la région de Lushnjë a un petit air d’Andalousie. En route Lison et Anatole se remémorent la scène du matin, rigolent et jouent au papy pickpocket. Nous continuons à nous enfoncer dans les terres jusqu’à Berat, la ville aux mille fenêtres, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.


Mercredi 9. Journée sans vélo. Nous visitons Berat et la forteresse avant de nous accorder une après-midi de repos. Les enfants jouent avec Kristel, la fille des propriétaires de notre location. Les rires, les cris et les gestes remplacent les mots. Pas facile ensuite de coucher tout ce petit monde.



Jeudi 10, vendredi 11. La routine ! Des gens sympas, des routes quasi désertes, des paysages de toute beauté, bref le rêve de tout cyclo voyageur. Nous remontons la rivière Osumi et son canyon, avant d’entamer une montée infernale et 25 km de piste. La descente aura raison d’une conserve de tomate pilonnée par ses copines, éventrée au fond de la sacoche.
Nous sommes sans mots devant ces montagnes, devant ces minuscules villages accrochés aux pentes. On se dit qu’un jour prochain ces routes seront asphaltées, que des touristes viendront en nombre profiter de ces espaces naturels exceptionnels. Ce sera tant mieux pour l’économie albanaise, tant pis pour les cyclistes en quête de tranquillité.




Samedi 12. Après les Alpes dinariques, nous sommes désormais dans l’Épire, région administrative grecque, mais qui historiquement est une région montagneuse des Balkans, partagée entre la Grèce et l’Albanie. Depuis Permët, emmurée de chaque côté par ces montagnes majestueuses, nous roulons jusqu’à la frontière. Nous sommes seuls, tellement seuls que nous pique-niquons sur la route, à l’ombre d’un arbre. Les postes frontières albanais et grecs sont déserts, ils paraissent surdimensionnés. Les douaniers, sortis de leur ennui, sont avenants, souriants et le passage se fait en quelques minutes. Nous plantons la tente dans une épingle à cheveux, face à un beau sommet d’où nous voyons jaillir la lune.



Dimanche 13. Après une étape éprouvante, où il a fallu plonger tout au fond des gorges de Vikos, nous remontons jusqu’à Papigko, petit village en pierres avec ses maisons aux toits de lauzes.
Nous laissons vélos et sacoches dans notre gîte pour deux jours de randonnée. Nous passerons la prochaine nuit en refuge, à 2 000 m d’altitude. Nous retournerons ensuite sur la côte albanaise pour nous accorder une petite semaine de repos et fêter l’anniversaire de Lison. On ne peut pas quitter l’Albanie comme ça.


dimanche 6 octobre 2019

Fraternité albanaise

Mercredi 25, jeudi 26 septembre. Il nous reste une bonne centaine de kilomètres avant la frontière. Nous roulons le long de la côte monténégrine, parfois magnifique, mais souvent inhospitalière (à notre goût) avec sa grande route, son trafic, ses stations balnéaires et leurs forêts de parasols.



Vendredi 27. L’Albanie a longtemps été un pays fermé, sans doute l’un des plus fermé au monde. Souffrant parfois d’une mauvaise réputation, l’Albanie est mystérieuse, intrigante. Quel accueil nous sera réservé ? A quoi devons-nous nous attendre ?
Sitôt la frontière passée, on trouve des gens souriants, amicaux, qui viennent vers nous, nous interrogent, nous parlent, nous demandent si nous avons besoin d’aide. Les gamins courent aux grilles des écoles pour nous saluer. « Hello, hello, we are you from ? ». Beaucoup d’Albanais parlent anglais, bien mieux que nous.
Nous arrivons à Shkodar, troisième ville du pays (150 000 habitants), surnommée l’Amsterdam des Balkans en raison du nombre de vélos. Il n’y a pas un seul feu rouge dans toute l’agglomération pour réguler la circulation. Malgré le bordel apparent, avec des voitures, des vélos roulant à contre sens, des triporteurs, parfois un cheval, et des piétons qui cohabitent sur la même chaussée, il n’y a pas un énervement, pas un coup de klaxon, tout est bien huilé et ce flux hétéroclite trouve paisiblement son chemin. C’est hallucinant.
Dans l’après-midi, nous sommes attendus chez Chuck et Susan, deux américains membres de Warmshowers. Ils ont posé leurs valises à Shkodar il y a trois ans, après être tombés amoureux de la ville lors d’un voyage.
Samedi 28. Susan nous fait découvrir Shkodar. Nous profitons de cette journée de pause pour aller chez le barbier et le coiffeur, flâner sur le marché et préparer notre excursion à Theth, petit village isolé du parc national du même nom, à 70 km au nord-est de Shkodar. Nous hésitons longuement mais nous renonçons à y aller à vélo car la météo n’est pas au beau fixe sur une période suffisamment longue et la piste finale s’annonce trop cassante, trop longue, avec un dénivelé trop important. Nous réservons finalement quatre places dans un minibus pour le lendemain matin.
Nous dînons chez Chuck et Susan avec Laura et Irene (https://onabike.nl), deux cyclistes hollandaises, avant d’aller rapidement nous coucher.


Dimanche 29. Départ pour Theth à 7h20. Nous embarquons dans le vieux van 4×4 de Gjeto aux côtés de cinq Israéliens et deux Suisses. La fin du trajet (au total 3h pour faire 70 km, 50 % du voyage en première vitesse, aussi bien en montée qu’en descente…) se fait sur une piste à flanc de montagne, pleine d’irrégularités et de pierres. Laisser les vélos fut un bon choix…
Nous prenons possession de notre chambre dans la Guest house que nous avons réservée. Nous filons découvrir le village et nous balader jusqu’à une magnifique cascade.
Lundi 30. Theth est l’un des très rares endroits que nous avions coché sur nos cartes lorsque nous préparions le voyage. Nous ne regrettons pas. Les montagnes sont absolument sublimes. Nous partons randonner jusqu’au col de Valbona pour gravir un petit sommet. La condition physique des enfants est bonne : 1000 m d+ en deux heures !



Mardi 1er octobre. Retour à Shkodar, même bus, même chauffeur, avec Laura et Irene qui nous ont rejoints ! Nous récupérons les vélos chez Chuck et Susan pour repartir dans la foulée chez Elsena, une ancienne élève retournée au pays.
Elle nous accueille avec son fiancé Bezim et son frère Elsaid chez ses parents Gezim et Elmira. Les petits plats sont mis dans les grands. Le repas est gargantuesque.
Elsena nous propose pour le lendemain de traverser le lac de Shkodar. Nous ne pouvons pas refuser, les garçons ont pris un jour de congé pour l’occasion.
Mercredi 2. Nous embarquons dans le bateau avec lequel l’oncle d’Elsaid, pêcheur, va travailler. Le lac, partagé entre Monténégro et Albanie, est le plus grand des Balkans. C'est également l’une des plus grandes réserves aviaires d'Europe avec 270 espèces d'oiseaux, dont les derniers pélicans du continent. La traversée, longue d’une dizaine de kilomètres, est fascinante. Le lac étant très peu profond, il n’y a aucun bateau de plaisance et aucun touriste ne s’y aventure. C’est le royaume des oiseaux et de quelques pêcheurs locaux. Nous vivons un moment rare.
Le soir, après être allé poser ses filets, le tonton nous convie à boire un verre. Quel accueil.




Jeudi 3 à dimanche 6. Le temps est incertain, on ne se risque pas à retourner dans les montagnes. Nous restons plutôt proches de la côte, jusqu’à Durrës, station balnéaire populaire et deuxième ville d’Albanie. Nous y passons notre dimanche. Nous prenons le temps de humer l’atmosphère d’un pays qui mérite d’être (mieux) connu. Chaque jour, nous rencontrons des Albanais cordiaux, chaleureux, et extrêmement ouverts. Une des choses saisissantes que l’on remarque, c’est l’accord parfait des religions, la religion n’ayant pas un rôle identitaire. Il n’est pas rare de trouver une mosquée en face d’une église. Les religions se côtoient et cohabitent parfaitement dans la plus grande paix grâce à un savant mélange d’indifférence et de tolérance. Les Albanais en sont très fiers.
Quel accueil nous sera réservé ? A quoi devons-nous nous attendre ? Désormais nous savons.