vendredi 30 août 2019

dimanche 25 août 2019

Générosité et accueil roumains.

En enjambant l’arc des Carpates, la Transfagarasan met un terme à notre flirt avec le massif montagneux, entamé en Pologne dès le début de notre voyage. Les paysages sont désormais moins grandioses mais nous faisons, tous les jours, de nombreuses rencontres. Après un mois en Roumanie, nous nous sommes attachés à ce pays. Nous percevons désormais mieux son histoire, ses traditions, sa (ses) culture(s) et ce qu’il est aujourd’hui.

Jeudi 15. Comme nous aimons le faire, nous frayons notre chemin sur de petites routes, parfois dans un guère meilleur état que celles rencontrées en Ukraine. Dans un village, Victor nous invite à boire un verre et nous repartons avec un gros sac de prunes et 2 litres de tuica, que nous refourguerons dès le lendemain à un type plutôt louche qui nous aidera à traverser un gué où nous avons de l’eau jusqu’au genou.
Dans l’après-midi, nous trouvons refuge à la Pension Ioana, quelques minutes avant un déluge de grêle. Nous sommes accueillis par Ioana et George, qui malgré l’affluence de touristes en cette semaine du 15 août, nous consacrent du temps pour nous raconter leur histoire, la leur et celle de leur pays, dans un français quasi parfait.

Vendredi 16, samedi 17, dimanche 18.
Comme souvent, nous repartons les sacoches pleines de tomates et de poivrons. Nous aurions souhaité rester une ou deux journées de plus pour nous reposer, mais tout est complet. En dernière minute, nous trouvons sur Airbnb ce qui semble être la dernière possibilité d’hébergement 100 km à la ronde. Il nous faut tout de même parcourir 60 km pour disposer de deux chambres et d’une cuisine partagée, dans la maison de Dan et Adina. Ils nous attendent et nous reçoivent comme si nous étions de la famille. Ils nous convient à leur table et nous partageons tous les repas à leur côté. Nous n’en revenons pas de tant d’attentions et de gentillesse.


Lundi 19. Afin d’éviter des axes fréquentés, nous devons remonter un peu au nord avant de reprendre la route du sud. Nous franchissons un dernier col un peu sérieux avant la plaine et le Danube, annonciateurs de nos derniers jours en Roumanie. Nous aimons profiter des petits villages pour observer les maisons dont l’architecture et le style changent au fur et à mesure de notre avancée. Nous aimons y manger, à l'ombre d'une chapelle, d'un kiosque, d'un grand arbre ou d'un abri de bus.
Nous passons la nuit dans l’école de l’un de ces villages.


Mardi 20, Mercredi 21. Dana qui nous avait reçu à Bistrita, a contacté ses amis Nicoletta et George. Nous passons deux nuits chez eux : rebelote, l’accueil est royal. Nous visitons Craiova (300 000 habitants), son musée, et son parc, un des plus grand d’Europe.
Jeudi 22. Comme d'habitude, les sacoches sont pleines... Beignets, schnitzels, conserves, sauces, fruits, légumes, confitures, gâteaux, vin, gnôle... on ne compte plus, tant la générosité des personnes rencontrées est grande.
La sortie de Craiova est un peu longue et monotone, avec pour seul horizon des champs de tournesol. La température approchant les 35 degrés, nous savons que trouver un peu d’ombre pour planter la tente ne sera pas chose aisée.


Vers 16 heures, nous avons le choix entre de rares acacias, peu accueillants pour nos matelas, et quelques peupliers, plein d’étourneaux. Comme nous n’avons pas prévu de refaire le crépi de notre tente, nous optons pour l’école d’un village. Pour la seconde fois, nous nous retrouvons dans une cour au sol irrégulier, pleine de déchets, de gravas, de crottin de cheval. La partie ancienne de l’école, en ruine, sert de pigeonnier et manque de s’effondrer. Les bâtiments neufs, fraîchement financés par l’union européenne, sont déjà abîmés…
Cinq jeunes sont assis sur les marches de l’entrée. Nous allons les saluer. Adrian, 18 ans, semble être le chef de la bande. C’est le seul à parler anglais, couramment. Il nous pose des questions, puis nous raconte sa vie et l’histoire de son pays. Adrian est cultivé et très lucide.
Pendant que nous parlons, le groupe s’étoffe. Les garçons du village arrivent, un à un. Tous saluent Adrian. Certains nous tendent la main, d’autres nous regardent à peine, peut-être intimidés par ces touristes, les premiers à atterrir dans ce village reculé aux dires d’Adrian.
En jetant son emballage de glace au sol, un gamin nous dit que la France est un pays très propre.
17 heures : c’est l’heure du match de foot. Âgés de 12 à 30 ans (excepté une recrue étrangère de 46 ans), la plupart des joueurs est pieds nus. La partie se déroule dans un nuage de poussière, sous une chaleur accablante.
L’étranger quitte rapidement le terrain estimant qu’il est moins risqué pour ses chevilles de monter une tente…
19 heures : Adrian nous avertit que les soirées sont généralement très bruyantes mais qu’il a fait le nécessaire pour que les enfants puissent dormir tranquillement : ce soir les jeunes du coin auront rendez-vous ailleurs.
21 heures : Tout le village sait sans doute que quatre français dorment dans la cour de l’école. A part les classiques aboiements des chiens, tout est calme… Nous sommes sous la protection d’Adrian.
22 heures : « Excusez, dérange… Excusez, dérange ».  Merde, on commençait à s’endormir… Nous sortons la tête de la tente. Se présentent les parents d’un gamin. Ils viennent à notre rencontre avec un sac rempli de provisions : tomates, piments, oignons, fromage, pain, vin. Nous faisons la connaissance de Marian et Maria, qui viennent régulièrement travailler dans le Bordelais. Nous nous endormons bien plus tard que prévu…
Vendredi 23. Nous n’avons pas pu refuser l’invitation de Maria et Marian à venir boire le café. Leur petite maison en torchis est très modeste et Marian est fier de nous montrer celle qu’il est en train de construire avec les sous gagnés en France.


L’étape commence également plus tard que prévu mais nous roulons bien, jusqu’à nous arrêter à 10 km de la frontière. Il n’y a pas une maison en vue mais nous entendrons de la musique et les tziganes chanter une bonne partie de la nuit. Où qu’on soit, on ne dort jamais vraiment seul en Roumanie…


Samedi 24, dimanche 25. Chaque village, aussi petit soit-il, a son magazin mixt. Nous dépensons nos derniers lei avant de franchir le Danube. Le passage de frontière se fait sans attente et sans encombre.
Nous filons à Negotin où nous avons réservé un petit dortoir dans un mini-camping -très atypique- du centre-ville qui accueille principalement des cyclistes. Nous y sommes seuls et le propriétaire Bojan est aux petits soins... Notre séjour en Serbie commence bien.

mercredi 14 août 2019

Transfagaraşan

Jeudi 8, vendredi 9.
Nous devions passer la nuit. Nous restons finalement deux jours pleins chez Geta, qui nous propose bien plus que son hospitalité. Les enfants profitent du grand jardin, du potager et des animaux. Pendant qu’elle travaille, Geta nous prête sa voiture et nous allons visiter Targu-Mures, son zoo et le centre-ville. Le soir venu, c’est apéro et discussions jusqu’à tard… Nous espérons que nous pourrons nous revoir en France ou en Roumanie.


Samedi 10. Dimanche 11.
Voilà deux étapes atypiques où nous empruntons des routes (en tout cas figurant comme telles sur notre carte au 1 : 500 000 !) qui deviennent des pistes, passent dans les prairies, dans des bois, se transforment en chemin de randonnée pour aboutir dans des villages tziganes où les gamins accourent pour voir débouler nos vélos crottés de boue jusqu’à mi-sacoches.
Bilan de ces trente kilomètres : des chaussures dégueulasses, un garde-boue cassé, quelques galères dans les ornières pleines d’eau, une crise de nerf, des rigolades et deux beaux campings sauvages.
Lors du second, à l’orée d’un bois, nous aurons la visite de cinq chiens venus encercler notre tente le temps qu’un troupeau passe. Profil bas en mangeant nos pâtes...
Outre des ours (nous prenons les précautions d’usage), nous devons nous méfier des chiens qui gardent les brebis comme leur plus précieux trésor.
Lundi 12. Nous apercevons les montagnes qui nous attendent. Nous avons hâte d’arriver à la pension pour nous reposer avant l’ascension du lendemain. A 13 heures, c’est chose faite.



Mardi 13. C’est le grand jour. Les enfants sont impatients -et peut-être un peu stressés- d’en découdre. Les montagnes qui se dressent devant nous leur semblent infranchissables. Par où va-t-on bien pouvoir passer ?
La montée sera longue, la journée s’annonce chaude, alors ce jour, nous sommes sur les vélos à 8 heures pétantes.
Cette route mythique, la Transfagaraşan, a été construite suite à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les soviétiques. En 1970, Ceaucescu, qui redoute pareil sort, lance les travaux de cette route stratégique enjambant les Carpates. Inaugurée en 1974, sa construction (830 ponts, 27 viaducs, un barrage) a fait plusieurs centaines de morts parmi ouvriers et militaires. Même si nous avons cela à l’esprit, le cours d’histoire sera pour plus tard.
Les enfants sont épatants, courageux, et mieux, ils prennent un plaisir énorme dans cette montée incroyable (31 km, plus de 5 heures) : ils réussissent à profiter, à admirer, à s’émerveiller de la route, des paysages qui leur sont offerts. « C’est le plus beau jour de ma vie » nous dit Lison, arrivée en haut…
Après une balade près du lac, deux ou trois glissades sur les névés et un bon repas, nous entamons la descente. Quelques lacets plus bas, nous plantons la tente dans un décor magique…
Am făcut-o !


Mercredi 14.
De possibles orages sont annoncés en fin de journée, il nous faut donc rallier la pension que nous avons réservée par précaution… 80 km plus bas. Même si le profil est descendant, il nous faut faire presque 40 km autour du lac de Vidraru et son colossal barrage où nous enchainons montées, descentes et virages incessants.
Les enfants ont une fois de plus bien mérité leur glace, une bonne douche et un grand lit. La nuit tombée, les chiens roumains nous font profiter de leur spécialité : le concert d’aboiements.
Bonne nuit les enfants, nous sommes fiers de vous.