jeudi 21 novembre 2019

La semaine vue par Anatole

Le ciel nous laisse quelques jours de répit. Nous en profitons pour fuir la mer ionienne, trop ventée et arrosée à notre goût. Direction le Péloponnèse, où nous longerons la côte, de Patras jusqu’à Corinthe, prochaine étape de repos. 
Voici le récit de notre semaine, telle qu’Anatole l’a décrite dans son carnet de voyage :

Jeudi 14 novembre. Aujourd’hui, nous reprenons les vélos. Etape plate de 57 km. On a mangé pas très loin de la mer. On a échappé à l’orage. On a planté la tente en haut d’un petit col.


Vendredi 15. Aujourd’hui, longue étape plate de 64 km. On a mangé en ville et on a trouvé des cartes [des cartes à la mode que les enfants grecs s’échangent dans les cours de récré]. On est passé vers des marécages. On a planté la tente sur un terrain de foot, j’ai beaucoup joué avec Lison. Le soir quand nous étions dans la tente, l’arrosage automatique s’est mis en route. [Nous jouions aux cartes dans la tente quand des trombes d’eau se sont abattues sur nous. Par chance le local technique n’était pas fermé à clé et le déluge a pu être stoppé. On s'est quand même bien fait saucer. En Grèce, toujours se méfier d’une herbe trop verte…]



Samedi 16. Etape monotone avec quelques aventures : on a pris un ferry [qui permet de gagner Patras en évitant un pont autoroutier], Papa a crevé, Lison a fait tomber son compteur dans un égout, on est passé sur un pont qui n’avait jamais fini d’être construit, on a bien galéré ! [Il a fallu décharger, porter, recharger les vélos]
On a fait 45 km. Le soir, on a planté la tente dans une petite ville en bord de mer. [Nuit agitée puisque des jeunes encapuchés sont venus nous taquiner en faisant des miaulements de chat et en enlevant des sardines de la tente]



Dimanche 17. Jolie étape ! On est passé sur une butte, puis derrière il y avait une rivière qu’on a traversée en tongs sur nos vélos, mais personne n’a réussi ! On a fait 53 km. Le soir on a campé à côté d’une église. [Plus exactement, on a campé coincés derrière une église]


Lundi 18. Après 36 km, on est arrivé dans une petite maison à côté de Corinthe. [Tout de même 90 m², deux chambres, un jardin avec pleins d’oranges et de clémentines à cueillir directement sur l’arbre]


Mardi 19. On a visité le temple d'Apollon et le musée [Site antique de l’ancienne Corinthe]. Il a plu. On est allé à Décathlon. [L’unique magasin implanté en Grèce, qui nous a fait nous sentir en France, le temps de l’achat de nouvelles chaussures… et d’un nouveau compteur]



Mercredi 20. On est restés dans la maison car il pleuvait. On a regardé un ancien film que mes parents regardaient quand ils étaient petits [Des épisodes du dessin animé Il était une fois l’homme]. J’ai fait des maths.

Jeudi 21. On est partis à vélo pour aller voir un canal très vieux qui faisait passer les bateaux à la place de faire le tour du Péloponnèse. Le canal faisait 6 km et il y avait un pont qui se baissait sous l’eau pour faire passer les bateaux. On a visité Corinthe. Il y a beaucoup de chiens errants, certains traînent dans les magasins. Après on est rentrés à la maison.


mercredi 13 novembre 2019

Des bâtons dans les roues

Mardi 5, mercredi 6 novembre. Au départ de la maison de Nikos, nous reprenons la route vers l’intérieur de l’île. Nous avons trois jours devant nous avant de rejoindre Nydri, port d’embarquement pour Céphalonie. En attendant, nous continuons de découvrir Leucade, ses montagnes, ses plages, ses paysages incroyables. Nous passons une nuit à un point de vue surplombant de 300 m la plage d’Egrimni et une autre sur un terrain de foot.

Jeudi 7. Dans les montagnes, le vent se lève, la couverture nuageuse se densifie et le ciel devient noir. Le sommet de l’île, à 1 150 m d’altitude, n’est plus qu’à une encablure mais nous prenons la décision de descendre rapidement à Nydri, prendre possession du studio que nous avons réservé à 1,5 km du port. Les enfants ont juste le temps d’un bain dans la piscine avant l’orage qui durera toute la nuit.



Vendredi 8. 7 h : lever. Dans quelques heures, nous serons sur Céphalonie. Alors, malgré la pluie et après une semaine d’attente, nous partons rejoindre le port, heureux et impatients.
7h45 : Le bateau est à quai, il n’y a plus qu’à prendre notre billet.
8h15 : Nous apprenons que le bateau ne part pas en raison des conditions météos. Le suivant est dans une semaine… Nous sommes dégoûtés. Nous remontons au studio prendre notre petit déjeuner, reprendre nos esprits et changer nos plans.
10 h. Nous n’avons d’autre solution que de remonter tout au nord de l’île pour rejoindre le continent par la digue et le pont qui les relient.
15 h. Nous plantons la tente dans un village en ruine. Abandonné suite au tremblement de terre de 1966, seules deux églises ont été restaurées et restent entretenues. Les autres maisons servent parfois de bergeries et recèlent encore de nombreux trésors que les enfants partent découvrir. La vue sur Leucade est magnifique, mais elle nous donne l’impression d’y être encore : nous n’avançons plus beaucoup ces derniers temps et nous aimerions être plus au sud…

Samedi 9. Seulement 16 km, sous la pluie battante. Nous arrivons à Palairos où nous louons un studio.


Dimanche 10 à mercredi 13. Nous restons bloqués sur place entre les 4 murs bleus de notre logement : l’ambiance n’est pas au beau fixe et le temps est exécrable. Plus que la pluie, intermittente, et les températures qui sont très douces (20 °C à 8h du matin !), c’est le vent qui nous empêche de repartir. Ce serait trop dangereux de rouler et de planter la tente avec des rafales qui dépassent les 100 km/h. Nous repartirons jeudi.

dimanche 3 novembre 2019

Plages, baignades et couchers de soleil

Vendredi 25 octobre. Après une semaine de repos, nous quittons l’Albanie. Pour le pique-nique du midi, nous sommes de retour en Grèce. Peu avant Igoumenitsa, nous tentons de planter la tente sur une bande de sable séparant la mer d’une lagune. La présence insupportable de moustiques autour du cordon littoral nous dissuade d’y rester. Nous fonçons jusqu’au camping de la ville et, après un rapide bain au soleil couchant, nous nous réfugions dans la tente pour manger notre bol de pâtes. Les moustiques n’ont pas abdiqué…


Samedi 26. A la recherche d’une banque et d’un supermarché, nous humons l’atmosphère d’Igoumenitsa. Le code de la route ne semble pas s’appliquer ici, mais comme tout le monde fait un peu ce qu’il veut, tout le monde est aussi très attentif et nous nous sentons en sécurité. Par le port nous quittons la ville et nous retrouvons vite sur une large route côtière, très escarpée et peu fréquentée. Nous pédalons, le regard porté sur les plages, la mer et les îles. Le torticolis nous guette. A midi, un couple de retraités français nous convie à boire un café sur la plage de Plataria. Leur gros camping-car tout confort avec cuisine équipée donne des envies aux enfants… qui choisissent tout de même de repartir avec nous.
Le soir, nous trouvons un minuscule camping -à l’ancienne- situé dans une petite crique. Les propriétaires, qui sont absents, l’ont laissé ouvert. Le chien nous accueille. La nuit est offerte à qui ose s’installer.


Dimanche 27. Les routes, les plages sont désertes, les commerces sont fermés et rangés jusqu’à la saison prochaine. On se croit parfois seuls au monde. Nous plantons la tente sur une plage de sable fin. Nous observons la topologie de l’endroit. Nous nous demandons si nous n’avons pas été un peu optimistes... La marée est montante… Pas le courage de démonter la tente. Nous mettons deux fois le réveil dans la nuit pour surveiller la progression des eaux. Notre plan d’évacuation d’urgence est prêt, au cas où…



Lundi 28. Pas d’eau dans la tente ! Il aurait fallu une tempête pour l’emporter !
C’est le jour du « non ». Cette journée de fête nationale commémore la journée du 28 octobre 1940 au cours de laquelle le général grec Ioannis Metaxas a répondu « Ochi » aux troupes italiennes de Mussolini qui souhaitaient traverser le pays pour se rendre en Russie.
Il n’y a pas plus de monde que la veille. Nous longeons une plage de près de 10 km. Nous observons les bas-côtés qui sont jonchés de papiers, bouteilles et autres déchets. Chaque virage, chaque ravin est une décharge publique pleine de gravas et de tout ce dont les gens ne veulent plus. En arrivant en Grèce, nous pensions que la gestion des ordures ménagères serait mieux organisée, que la population serait mieux éduquée, plus sensible au problème des déchets. Il n’en est rien et, comme dans tous les Balkans, la nature est considérée comme une poubelle. Quelle bêtise…
Nous installons notre camp du soir dans une immense anse de bord de mer. Les enfants trouvent une cabane pour y passer la soirée.



Mardi 29. Pour éviter de faire le tour (plus de 100 km) d’une baie marécageuse sans doute infestée de moustiques, un tunnel subaquatique de 1 600 m permet de traverser un petit bout de mer. Problème, il est interdit aux vélos. En se renseignant sur internet, on trouve deux techniques de franchissement.
Technique n°1 : prendre le tunnel, à fond. Détectés par des caméras, on entend hurler des hauts parleurs ordonnant de stopper immédiatement. Des feux se mettent au rouge, et coupent la circulation dans les deux sens. Evidemment il ne faut pas s’arrêter et on se retrouve rapidement de l’autre côté.
Il est difficile de croire que cette technique amuse beaucoup les autorités.
Technique n°2 : s’engager sur la route interdite aux vélos et s’arrêter juste après la caméra, avant l’entrée dans le tunnel. Faire coucou à la caméra pour signaler sa présence. Attendre 5 minutes qu’un employé vienne avec son fourgon, qu’il embarque les vélos et vous fasse passer de l’autre côté moyennant une participation au péage.
Nous voilà donc à faire coucou à la caméra… Quand la camionnette arrive, 5 minutes plus tard, on se dit qu’on aime qu’un plan se déroule sans accroc. Malheureusement l’astuce, sans doute éculée, ne marche plus. Le type, courtois mais ferme, nous rappelle qu’on ne peut pas traverser à vélo. Il y a heureusement un car qui passe deux fois par jour. Le suivant arrive dans 20 minutes… Ouf.
Nous tentons le stop, sans succès, jusqu’à l’arrivée du car. Le chauffeur souffle et manifeste son mécontentement d’être retardé. Il embarque finalement bagages et vélos dans la soute. Nous passons sous la mer et 2 minutes plus tard nous voilà débarqués de l’autre côté. Mission accomplie…
Après avoir longé un aéroport et une zone militaire, nous traversons des oliveraies. Nous nous retrouvons à l’heure du déjeuner sur une petite plage, abritée de pins. L’endroit est tellement chouette (si on fait abstraction des déchets) qu’on s’y installe pour la nuit.



Mercredi 30. La Grèce compte plus de 6 000 îles. Seulement 200 sont habitées et 70 ont plus de 100 habitants. 
Nous ne pourrons pas toutes les faire, mais on va essayer. Dans les îles ioniennes, nous commençons par Leucade. Très proche du continent, elle est reliée par une route. Après des semaines avec un temps sans un nuage, la pluie est annoncée et nous avons loué un appartement pour nous mettre à l’abri. Nous arrivons en même temps que les premières gouttes...
Du jeudi 31 octobre au mardi 4 novembre. Il y a finalement peu de pluie et beaucoup d’éclaircies. Nous pouvons rayonner depuis la maison à pied ou à vélo à la découverte des plages, des montagnes et de Lefkada, petite capitale aux charmantes ruelles.



Nous devons aussi organiser la suite du voyage avec notamment les passages d’île en île.
En cette saison, les liaisons sont moins nombreuses, parfois inexistantes. Elles ne sont pas toutes répertoriées, il est souvent difficile de trouver les dates de départs sur internet, même sur les sites des compagnies. Le seul moyen d’avoir des infos est de téléphoner ou de se rendre dans les ports de départs des bateaux. Pour Céphalonie, plus au sud, nous apprenons, non sans difficulté, qu’il n’y a qu’un ferry par semaine en novembre.
Nous prolongeons donc notre séjour à Leucade jusqu’au prochain départ, vendredi 8. Cela nous laissera le temps d’aller explorer le sud de l’île…