En enjambant l’arc des Carpates, la
Transfagarasan met un terme à notre flirt avec
le massif montagneux, entamé en Pologne dès le début de notre voyage. Les
paysages sont désormais moins grandioses mais nous faisons, tous les jours, de
nombreuses rencontres. Après un mois en Roumanie, nous nous sommes attachés à
ce pays. Nous percevons désormais mieux son histoire, ses traditions, sa (ses)
culture(s) et ce qu’il est aujourd’hui.
Jeudi 15. Comme
nous aimons le faire, nous frayons notre chemin sur de petites routes, parfois
dans un guère meilleur état que celles rencontrées en Ukraine. Dans un village,
Victor nous invite à boire un verre et nous repartons avec un gros sac de
prunes et 2 litres de tuica, que nous refourguerons dès le lendemain à un type
plutôt louche qui nous aidera à traverser un gué où nous avons de l’eau
jusqu’au genou.
Dans
l’après-midi, nous trouvons refuge à la Pension Ioana, quelques minutes avant
un déluge de grêle. Nous sommes accueillis par Ioana et George, qui malgré
l’affluence de touristes en cette semaine du 15 août, nous consacrent du temps
pour nous raconter leur histoire, la leur et celle de leur pays, dans un
français quasi parfait.
Vendredi 16,
samedi 17, dimanche 18.
Comme
souvent, nous repartons les sacoches pleines de tomates et de poivrons. Nous
aurions souhaité rester une ou deux journées de plus pour nous reposer, mais
tout est complet. En dernière minute, nous trouvons sur Airbnb ce qui semble
être la dernière possibilité d’hébergement 100 km à la ronde. Il nous faut tout
de même parcourir 60 km pour disposer de deux chambres et d’une cuisine
partagée, dans la maison de Dan et Adina. Ils nous attendent et nous reçoivent
comme si nous étions de la famille. Ils nous convient à leur table et nous
partageons tous les repas à leur côté. Nous n’en revenons pas de tant
d’attentions et de gentillesse.
Lundi 19. Afin
d’éviter des axes fréquentés, nous devons remonter un peu au nord avant de reprendre
la route du sud. Nous franchissons un dernier col un peu sérieux avant la
plaine et le Danube, annonciateurs de nos derniers jours en Roumanie. Nous aimons
profiter des petits villages pour observer les maisons dont l’architecture et le
style changent au fur et à mesure de notre avancée. Nous aimons y manger, à l'ombre d'une chapelle, d'un kiosque, d'un grand arbre ou d'un abri de bus.
Nous passons
la nuit dans l’école de l’un de ces villages.
Mardi 20, Mercredi
21. Dana qui nous avait reçu à Bistrita, a contacté ses amis Nicoletta et George.
Nous passons deux nuits chez eux : rebelote, l’accueil est royal. Nous
visitons Craiova (300 000 habitants), son musée, et son parc, un des plus
grand d’Europe.
Jeudi 22. Comme d'habitude, les sacoches sont pleines... Beignets, schnitzels, conserves, sauces, fruits, légumes, confitures, gâteaux, vin, gnôle... on ne compte plus, tant la générosité des personnes rencontrées est grande.
La
sortie de Craiova est un peu longue et monotone, avec pour seul horizon des
champs de tournesol. La température approchant les 35 degrés, nous savons que
trouver un peu d’ombre pour planter la tente ne sera pas chose aisée.
Vers 16
heures, nous avons le choix entre de rares acacias, peu accueillants pour nos
matelas, et quelques peupliers, plein d’étourneaux. Comme nous n’avons pas prévu
de refaire le crépi de notre tente, nous optons pour l’école d’un village. Pour
la seconde fois, nous nous retrouvons dans une cour au sol irrégulier, pleine
de déchets, de gravas, de crottin de cheval. La partie ancienne de l’école, en
ruine, sert de pigeonnier et manque de s’effondrer. Les bâtiments neufs, fraîchement
financés par l’union européenne, sont déjà abîmés…
Cinq jeunes
sont assis sur les marches de l’entrée. Nous allons les saluer. Adrian, 18 ans,
semble être le chef de la bande. C’est le seul à parler anglais, couramment. Il
nous pose des questions, puis nous raconte sa vie et l’histoire de son pays.
Adrian est cultivé et très lucide.
Pendant que
nous parlons, le groupe s’étoffe. Les garçons du village arrivent, un à un. Tous
saluent Adrian. Certains nous tendent la main, d’autres nous regardent à peine,
peut-être intimidés par ces touristes, les premiers à atterrir dans ce village
reculé aux dires d’Adrian.
En jetant
son emballage de glace au sol, un gamin nous dit que la France est un pays très
propre.
17
heures : c’est l’heure du match de foot. Âgés de 12 à 30 ans (excepté une
recrue étrangère de 46 ans), la plupart des joueurs est pieds nus. La partie se
déroule dans un nuage de poussière, sous une chaleur accablante.
L’étranger
quitte rapidement le terrain estimant qu’il est moins risqué pour ses chevilles
de monter une tente…
19
heures : Adrian nous avertit que les soirées sont généralement très
bruyantes mais qu’il a fait le nécessaire pour que les enfants puissent dormir
tranquillement : ce soir les jeunes du coin auront rendez-vous ailleurs.
21
heures : Tout le village sait sans doute que quatre français dorment dans
la cour de l’école. A part les classiques aboiements des chiens, tout est calme…
Nous sommes sous la protection d’Adrian.
22
heures : « Excusez, dérange… Excusez, dérange ». Merde, on commençait à s’endormir… Nous
sortons la tête de la tente. Se présentent les parents d’un gamin. Ils
viennent à notre rencontre avec un sac rempli de provisions : tomates,
piments, oignons, fromage, pain, vin. Nous faisons la connaissance de Marian et
Maria, qui viennent régulièrement travailler dans le Bordelais. Nous nous
endormons bien plus tard que prévu…
Vendredi 23.
Nous n’avons pas pu refuser l’invitation de Maria et Marian à venir boire le
café. Leur petite maison en torchis est très modeste et Marian est fier de nous
montrer celle qu’il est en train de construire avec les sous gagnés en France.
L’étape
commence également plus tard que prévu mais nous roulons bien, jusqu’à nous arrêter à 10
km de la frontière. Il n’y a pas une maison en vue mais nous entendrons de la
musique et les tziganes chanter une bonne partie de la nuit. Où qu’on soit, on ne dort jamais
vraiment seul en Roumanie…
Samedi 24, dimanche 25. Chaque
village, aussi petit soit-il, a son magazin mixt. Nous dépensons nos derniers
lei avant de franchir le Danube. Le passage de frontière se fait sans attente et
sans encombre.
Nous filons
à Negotin où nous avons réservé un petit dortoir dans un mini-camping -très atypique-
du centre-ville qui accueille principalement des cyclistes. Nous y sommes seuls et le propriétaire Bojan est aux petits soins... Notre séjour en Serbie
commence bien.
