vendredi 13 mars 2020

Entre mer et montagne

Vendredi 6 mars.
Nous reprenons notre route vers l’est. Sur 10 km, nous nous élevons de 600 m. Anatole tient une forme olympique et nous n’arrivons pas à le suivre. En haut, allongés à même la chaussée, une dizaine de chiens errants nous font une haie d’honneur. Nous en voyons beaucoup, en ville comme à la campagne. Ils sont bagués, ils sont nourris et disposent d’une sorte de grande cabane collective : de vrais pachas.
Après le pique-nique nous nous enfilons sur une piste qui doit nous mener au sommet d’une montagne. Nous avons eu le tuyau par Christophe et Pascale qui sont arrivés une semaine avant nous en Turquie. Fans d’histoire et de vieilles pierres, ils nous ont envoyé un message nous conseillant l’endroit. Loin de tout, c’est le genre de site qui se mérite et on n’y arrive pas par hasard. L’accès n’est fléché nulle part, le chemin est hyper exigeant. On ne peut y arriver qu’à pied, à vélo ou en 4x4. Le lieu n’a jamais été valorisé touristiquement. Un signe qui ne trompe pas, il n’y a pas de déchets… Il a sans doute été pillé, mais il n’a jamais été fouillé, laissant une ville presque intacte, envahie par la végétation, investie par les chèvres. Le théâtre, les vastes murs, les tombes, quelques semblants de gargouilles, les bas-reliefs, sont impressionnants. Au 4ème siècle, Kyaneai était l'une des villes les plus importantes de la région lycienne. Le site est fascinant, il est d’une quiétude absolue. Si nous avions eu assez d’eau, nous y serions restés une journée de plus.



Samedi 7.
Sur le bord de la route, un type nous hèle : Arif nous invite à boire le thé, il nous offre quelques tomates. Nous passons un bon moment avec lui, dans son petit camping. A Demre ensuite, nous faisons une razzia de fruits, de légumes frais, et de pain… Bons et pas chers. De là, jusqu’à Finike, nous suivons la route côtière. En balcon et dominant la mer, elle est magnifique mais il est impossible d’y planter la tente tant le décor est minéral et escarpé. En ville, à la vue d’une grande étendue verte à quelques mètres de la plage, nous demandons si nous pouvons nous poser là. Le patron du bar nous dit oui. Si l’endroit s’avère sympa de prime abord, la route, l’intersection, les feux tricolores et les véhicules qui s’arrêtent et redémarrent sans cesse auront raison de notre empressement à vouloir planter la tente. Erreur de débutant, nuit pourrie. (De la mer, on n’entendit même pas les vagues)


Dimanche 8.
La gueule enfarinée, nous repartons. Pour gagner Antalya nous choisissons l’option montagne et petite route. La pente est forte. Nous nous rapprochons des sommets enneigés. Les quelques personnes que nous croisons nous encouragent. Certains s’arrêtent, reculent ou font demi-tour. On nous demande si tout va bien, si nous avons besoin de quelque chose, on nous offre des oranges. Après une dernière série de bosses nous nous arrêtons dans une forêt. Nos mollets et nos cuisses ne refusent pas quelques étirements.



Lundi 9.
Une dame propose à Lison et Anatole de porter et caresser les cabris qu’elle emmène téter. Quelques chiens font un bout de route avec nous. Rien de tel que des animaux pour faire oublier aux enfants qu’ils pédalent.
Nous avons ainsi l’impression d’avancer vite et à 1 300 m d’altitude, il faut entamer la descente. Nous enfilons les doudounes.
Nous les quittons lorsque la baie d’Antalya apparaît dans le pli d’une ultime colline à dévaler. Chaleur, bruit, agitation, modernité : nous changeons de monde. Antalya compte deux millions et demi d’habitants.




Mardi 10.
Nous partons visiter la ville. Malgré sa taille, nous la trouvons très agréable. Nous mangeons dans un petit restaurant où se côtoient retraités, ouvriers, étudiants et policiers en tenue. Pas un seul touriste en vue. Pour quatre, nous payons 6 € le repas complet.

Mercredi 11, jeudi 12.
A la sortie d’Antalya, nous sommes impressionnés par un cours d’eau qui se jette dans la mer depuis la falaise. La cascade est spectaculaire.
Après cela, c’est un peu la désolation. « Lara Beach » est une plage immense le long de laquelle ont été construits des dizaines de complexes touristiques tous plus déments les uns que les autres. Nous n'avons même pas eu la présence d'esprit de prendre des photos, tellement nous hallucinions.
Une forêt de pins nous offre heureusement un répit de verdure, unique possibilité de nous installer pour la nuit.



Vendredi 13.
Nous faisons une pause à Sidé, avant de nous attaquer aux montagnes que nous devrons gravir pour accéder aux hauts plateaux qui nous rapprocheront de la Cappadoce.
Malheureusement la météo change. Une vague de froid est attendue les deux prochaines semaines. Les températures seront fortement négatives, et la neige refera son apparition. Cela signifie la possibilité de cols infranchissables.
Nous nous désolons de devoir rester sur la côte et d’attendre un temps plus clément, même si les prévisions peuvent encore évoluer. Depuis notre départ des îles, nous avions repris un rythme, nous avions plaisir à avancer, à poursuivre notre itinérance. Ce coup d’arrêt est un petit coup au moral.
Mais ne nous plaignons pas, des coups d’arrêts il y en a de plus graves, de plus embêtants et contraignants...




1 commentaire:

  1. Profitez Bien les amis, en France ça devient plus que compliqué avec le virus. Profitez des paysages et du grand air bises à vous

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