Vendredi
22 novembre. De Corinthe, nous prenons la route, direction Athènes. Pour éviter de faire
le tour du golfe d’Elefsina, avec ses chantiers navals, sa raffinerie, et les eaux
les plus sales de Grèce, nous coupons par l’île de Salamina, à 5 minutes de
ferry de la côte. Nous y passons la nuit, sur l’aire de jeu d’un petit village
de bord de mer où il faut faire attention aux boulettes de pétrole en marchant
le long de la plage.
Samedi
23. Après une quinzaine de kilomètres très agréables sur Salamina, il nous faut
un petit quart d’heure de bateau pour débarquer à Perama.
Perama,
c’est la grande banlieue d’Athènes. Nous savons que nous allons devoir rouler
au milieu des voitures pendant 20 km. L’exercice ne s’avère finalement pas si
périlleux que cela et, à 15h, nous prenons possession d’un magnifique
appartement de presque 100 m², à 3 ou 4 km du centre-ville et des principales
attractions touristiques : le luxe !
Dimanche
24, lundi 25, mardi 26. Nous arpentons Athènes à vélo et à pied. A vélo, nous
sommes des curiosités, il n’y a quasiment aucun cycliste dans les rues. A pied,
il faut de bonnes chaussures et de la vigilance. Les trottoirs étroits, souvent
en dévers, sont pleins de trous. Les balcons, qui rejettent l’eau des climatiseurs,
mouillent les sols et souvent les passants.
Nous
commençons notre découverte de la ville par Exarchia. C’est le quartier des anarchistes
et de l'ultra-gauche. C’est le quartier agité et contestataire d’Athènes. La
contestation, ancrée dans son histoire, se lit sur les murs, couverts de
dessins, de slogans. Plus largement, c’est toute la ville qui est devenue un
musée à ciel ouvert. On peut passer des heures à chercher, à s’émerveiller, à réfléchir
sur ces centaines de graffitis d’artistes connus ou anonymes.
Même
si elle n’y met pas les pieds, la police encercle Exarchia 24h/24. Cela a quelque
chose d’impressionnant et d’un peu terrifiant de voir ces cars de CRS grecs, ces
soldats en armes, boucliers aux poings.
Le
quartier s’organise également de façon autonome en créant des lieux de
solidarité. Des bars autogérés génèrent des revenus qui permettent d’organiser
des dispensaires, des activités culturelles, des cours de grec à destination
des immigrés. Nous mangeons notre pique-nique du midi dans le petit parc
autogéré de Navarinou où cohabitent, entre autres, une maman bobo avec ses deux
enfants, des chiens, des chats, une bourgeoise, des drogués et des clochards.
Au cours de nos pérégrinations, au hasard des rues et des quartiers que nous empruntons, nous croisons tout un tas de personnes aux regards hagards, parfois droguées, ou simplement hébétées par une vie difficile. Nous évitons soigneusement les seringues, parfois les excréments humains qui jonchent le sol, nous contournons les poubelles qui débordent.
Mais Athènes c’est aussi et évidemment l’impressionnante Acropole, le stade des premiers jeux olympiques de l’aire moderne, la relève -très folklorique- de la garde nationale devant le parlement, des musées, quelques quartiers plus chics et des collines d’où les points de vue sur la grande ville blanche sont grandioses.
Pleine de contraste, fascinante et déstabilisante, Athènes nous a mis une grande claque.
Vendredi 29. Nous visitons l’ancienne cité antique et le site archéologique de Lato, perché en haut d’une montagne. L’avantage de visiter en cette saison, c’est de payer seulement 2 € l’entrée mais surtout d’être seuls sur le site… Quel privilège.
Samedi 30. En redescendant des montagnes, nous observons le ballet des vautours au-dessus de nous. La tête en l’air (mais pas trop), nous nous laissons glisser jusqu’à la mer et Ierapetra, ville où nous ferons étape chez Stavros, membre de Warmshower. Avant cela, nous croisons les Baudry, une famille française voyageant à vélo. Ils sont partis depuis mai d’Auvergne avec leurs deux filles âgées de 5 et 7 ans. Nous les trouvons très courageux car l’une de leur fille a des soucis de santé. Le voyage a sans doute quelque chose de thérapeutique car son état ne fait que s’améliorer. Nous aurions aimé faire un bout de chemin ensemble, mais malheureusement nous avons choisi de faire une pause hivernale à deux endroits de Crète diamétralement opposés. Nos chemins doivent se séparer. Nous leur souhaitons bonne continuation. Peut-être nous reverrons-nous… Leur site est très chouette, on peut les suivre ici : https://lesbaudryavelo.wordpress.com/.
Nous
traversons à plusieurs reprises un quartier investi par des populations du
sous-continent indien. Désert le matin, il grouille de monde l’après-midi. On n’y
croise que des hommes. Ça sent bon les épices.
Les
halles municipales sont un grand moment avec les poissonniers et leur gouaille,
et les tripiers, les bouchers découpant la viande sur leurs billots, au milieu
des travées. On est loin des normes d’hygiène imposées chez nous… Le lieu est à
conseiller à toute personne qui souhaite devenir végétarienne.
Au cours de nos pérégrinations, au hasard des rues et des quartiers que nous empruntons, nous croisons tout un tas de personnes aux regards hagards, parfois droguées, ou simplement hébétées par une vie difficile. Nous évitons soigneusement les seringues, parfois les excréments humains qui jonchent le sol, nous contournons les poubelles qui débordent.
Habituellement
si prompt à vagabonder, Anatole a la nausée et se colle à nous, il nous serre
fort la main à chaque vision dérangeante.
De
nombreux immeubles, parmi les plus anciens, les plus beaux et les plus
remarquables, sont gagnés par la végétation et manquent de s’écrouler.
Sortis
des lieux incontournables et plus glamours, Athènes est une écorchée vive, une
grande meurtrie dans ce qu’elle offre à voir de violent et misérable. La crise qui
semble s’éloigner pour les banques et les grands financiers, laisse encore bien
des traces dans la vie quotidienne des Athéniens.
Nous
y voyons des retraités, bien propres sur eux, qui font les poubelles ou qui
tentent de vendre, à la sauvette, tout ce qui viendra améliorer leur maigre
pension. Nous y voyons des gens qui vivent et dorment dans leur voiture. Il y a
les réfugiés aussi, survivant dans des cabanes de fortune.
Mais Athènes c’est aussi et évidemment l’impressionnante Acropole, le stade des premiers jeux olympiques de l’aire moderne, la relève -très folklorique- de la garde nationale devant le parlement, des musées, quelques quartiers plus chics et des collines d’où les points de vue sur la grande ville blanche sont grandioses.
Pas
sûr que ce soit ce qui nous a le plus marqués…
Pleine de contraste, fascinante et déstabilisante, Athènes nous a mis une grande claque.
Plus
habitués à la campagne, aux grands espaces, aux petits villages et à la
tranquillité, les enfants, malgré leur curiosité et l’envie de découvrir, sont quelque
peu sortis de leur zone de confort.
Athènes
leur a montré la diversité des vies des gens qui peuplent ce monde que nous
aimons parcourir. Athènes leur a sans doute donné une occasion supplémentaire de
bien mesurer la chance que nous avons de pouvoir prendre en main notre vie
comme nous le souhaitons.
Mercredi
27. Nous quittons notre appartement à midi. Nous avons jusqu’à la nuit pour
continuer de déambuler dans Athènes et nous rendre au port du Pirée. Nous
embarquons à 18h, et nous prenons possession de notre cabine. Nous quittons le
continent à 21h.
Jeudi
28. Nous nous réveillons dans le port d’Héraklion, quelques minutes avant l’amarrage
de notre ferry.
Il
est 6h, il fait nuit. Nous pédalons jusqu’à l’ancien port de pêche et sa
forteresse vénitienne. Nous prenons le petit déjeuner dans Héraklion qui s’éveille.
La ville nous paraît bien propre et paisible...
A midi, nous pique-niquons sur la plage. Lison trouve une planche de bodyboard et s’amuse comme une folle dans les petites vagues d’une mer encore très accueillante. Nous finissons notre longue journée derrière une petite église.
A midi, nous pique-niquons sur la plage. Lison trouve une planche de bodyboard et s’amuse comme une folle dans les petites vagues d’une mer encore très accueillante. Nous finissons notre longue journée derrière une petite église.
Vendredi 29. Nous visitons l’ancienne cité antique et le site archéologique de Lato, perché en haut d’une montagne. L’avantage de visiter en cette saison, c’est de payer seulement 2 € l’entrée mais surtout d’être seuls sur le site… Quel privilège.
Nous
traversons ensuite les villages de Krista et Kroustas, animés comme toute l’île
par la cueillette des olives. La Crète, c’est 40 millions d’oliviers pour un
peu plus de 600 000 habitants (comme Athènes), aussi le travail ne manque
pas et la main d’œuvre étrangère, principalement venue du Pakistan ou du
Bengladesh, est à l’ouvrage.
Comme
nous n’osons pas planter la tente dans les champs d’oliviers, nous cherchons
une église. Les abords sont souvent plats et, dans un pays où la séparation
entre l’état et l’église ne fait que s’amorcer (les popes, s’ils ne sont plus
fonctionnaires, sont encore payés par une dotation donnée chaque année au
clergé), le choix est pléthorique. Cette fois-ci, nous trouvons notre bonheur
au bout d’un chemin de terre où seul le bruit des cloches de quelques brebis
vient perturber notre quiétude.
Samedi 30. En redescendant des montagnes, nous observons le ballet des vautours au-dessus de nous. La tête en l’air (mais pas trop), nous nous laissons glisser jusqu’à la mer et Ierapetra, ville où nous ferons étape chez Stavros, membre de Warmshower. Avant cela, nous croisons les Baudry, une famille française voyageant à vélo. Ils sont partis depuis mai d’Auvergne avec leurs deux filles âgées de 5 et 7 ans. Nous les trouvons très courageux car l’une de leur fille a des soucis de santé. Le voyage a sans doute quelque chose de thérapeutique car son état ne fait que s’améliorer. Nous aurions aimé faire un bout de chemin ensemble, mais malheureusement nous avons choisi de faire une pause hivernale à deux endroits de Crète diamétralement opposés. Nos chemins doivent se séparer. Nous leur souhaitons bonne continuation. Peut-être nous reverrons-nous… Leur site est très chouette, on peut les suivre ici : https://lesbaudryavelo.wordpress.com/.
Stavros nous attend. Il nous a préparé un délicieux repas. Il nous conte
ses nombreuses rencontres et nous fait feuilleter le livre d’or des cyclistes
du monde entier qu’il a accueillis, le tout en photo. Un Allemand, des Australiens,
un Grec, deux Thailandais, un Suisse… Retour à la page précédente, il nous
semble avoir aperçu un paysage connu… C’est la roche de Solutré… C’est notre
village… On voit notre maison… C’est nous qui avons pris la photo ! Elle
date de janvier 2014 : nous avions reçu deux jeunes Thaïlandais qui
venaient de finir leurs études à Londres et avaient décidé de rentrer à Bangkok
à vélo. Quel hasard incroyable de retrouver notre photo dans l’album d’une
personne vivant à plus de 3000 km de chez nous !
La suite se fait en musique : Stavros nous fait découvrir des
morceaux traditionnels crétois mais aussi des morceaux plus récents. Il nous
montre deux ou trois pas de danse après quoi nous allons nous coucher
dans le petit dortoir réservé à ses hôtes.
Dimanche
1er décembre. Stavros prend la route avec nous et nous guide jusqu’à
une fabrique d’huile d’olive. Nous y découvrons tout le processus de
fabrication, depuis l’ouverture des sacs d’olives sortis des pick-up jusqu’à l’obtention
de l’huile.
Nous
remercions Stavros et reprenons notre chemin. Quand le relief le permet, nous
longeons le bord de mer par de petites routes. La région, très agricole est
pleine de cultures (des bananes entre autres), de serres… et de plastiques
arrachés par le vent.
Justement
surpris par un vent fort et soudain, nous cherchons précipitamment un endroit
où bivouaquer. Pas d’église en vue, nous faisons halte dans un champ d’oliviers
où les arbres nous offriront un maigre abri. Alors que nous montons -avec
difficulté- la tente, un type surgit, un bout de tuyau à la main. Sa mine est peu
expressive, nous ne savons pas à quelle sauce nous allons être mangés. Par des mots
que nous ne comprenons pas et quelques gestes, il nous indique qu’il est préférable
de planter la tente plus à gauche en raison de l’orientation du vent. Il repart
toujours aussi peu démonstratif. Nous prenons ça comme une accréditation.
Une
fois le camp installé, nous avons le plaisir d’agrémenter nos pâtes d’une grosse
lichette d’huile d’olive toute fraîche, pressée le matin même. Le vent tombe, la
nuit est calme.
Lundi
2. Nous remontons dans les montagnes. Les paysages, les villages sont
magnifiques. Au sommet d’une route, le froid arrive d’un coup. Pour la
descente, nous enfilons nos vestes imperméables et nos bonnets.
Nous
reprenons les bonnes habitudes et finissons par planter la tente à côté d’une
petite chapelle.
Mardi
3. Le matin, à vélo, on ne passe pas des heures devant sa garde-robe à se
demander ce qu’on va mettre. On remet généralement la même chose que la veille.
Mais ce matin-là, au réveil, la tente est gelée. Alors nous sortons du fond des
sacoches les doudounes, les collants, les manches longues. On se trouve très
beaux dans nos nouveaux habits, un peu comme si nous avions enfilé une tenue de
soirée.
Le
soleil réchauffe cependant vite l’atmosphère. Il ne faut pas longtemps pour
crever de chaud et nous retrouver à nouveau vêtus de nos tee-shirts sales que
nous recouvrirons périodiquement d’une petite polaire, en fonction de notre
vitesse de progression et des passages à l’ombre. Malgré un franc soleil, cette
journée semble marquer la fin de notre été…
Mercredi
4. Après huit jours de vélo une pause s’impose. Avant de remonter une fois de
plus dans les montagnes nous devons faire un gros ravitaillement car nous ne
savons pas ce que nous trouverons là-haut. Sur le parking de Lidl, des
poubelles, comme de toutes les poubelles de Grèce, sortent des chats gras comme
des loukoums, pauvres bêtes exclues du régime crétois. On croise aussi d’anciens
babacools, souvent allemands, jeans crasseux, sandales usées, parfois pieds nus,
rasta et barbe longue. La région et le village de Matala ont accueilli la plus grande
communauté hippie d’Europe dans les années 60. Ce n’est pas tous les jours qu’on
a la chance de voir des dinosaures.
Après
une longue ascension, nous arrivons dans le petit village de Magarikari.
Virginia nous attend. Elle a regardé notre blog et toutes nos vidéos. Impressionnée
par notre aventure, elle a à cœur de nous accueillir comme si nous étions de la
famille. Virginia a préparé des gâteaux, elle a rempli le frigo. Elle offre un
mickey magazine français aux enfants et un jeu de Uno. Elle nous donne la clé
du musée du village pour que nous puissions aller le visiter. Efkaristo !
L’accueil
incroyable, la maison confortable, les extérieurs tellement agréables, la vue panoramique
sur la mer et les montagnes nous incitent à demander à Virginia de pouvoir
rester une nuit de plus. Nous repartirons samedi matin…
Jeudi
5. Nous avons du temps et il nous faut juste un peu de courage pour nous lancer
dans l’écriture du blog… C’est fait !
Merci :)
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