Dimanche 16 février.
Le beau temps est revenu. Nous disons au revoir à Michaela et sa maman qui sont venues nous apporter des petits gâteaux pour notre départ.
Le beau temps est revenu. Nous disons au revoir à Michaela et sa maman qui sont venues nous apporter des petits gâteaux pour notre départ.
La population se concentre particulièrement au nord de l’île. En
prenant la direction du sud de Rhodes par l’intérieur des terres et les
montagnes, nous nous retrouvons quasiment seuls sur les routes parfois non
asphaltées qui relient les petits villages.
A l’écart des sentiers battus, nous empruntons une piste qui fait le
tour du lac de Gadoura. Un panneau met en garde les conducteurs, qui s’y
engagent à leurs risques et périls. Le lac est le réservoir d’eau potable de
l’île. Les abords se doivent sans doute de rester hostiles pour décourager un afflux
humain au potentiel de nuisance certain, capable de souiller et de perturber la
quiétude de n’importe quel sanctuaire naturel. Regorgeant d’une faune et d’une
flore rare, le lac ne figure même pas sur les cartes touristiques qu’on a pu
dégoter à Rhodes.
Les dernières précipitations (60 mm en deux jours) rendent notre
progression difficile. La piste, orniérée et creusée par l’eau qui trace son
chemin, est par endroit un vrai pot de colle. Nos garde-boues n’ont jamais
aussi bien porté leur nom et nos vélos viennent s’alourdir d’une couche de
terre mouillée qui va jusqu’à bloquer nos roues. Les séances de
décrottage rendent notre progression poussive mais plutôt amusante.
Nous plantons la tente au bord du lac : aucune habitation en vue,
aucun bruit, juste le chant des oiseaux… Les enfants improvisent un atelier
silex et taille de pierres.
Lundi 17.
Le tonnerre nous fait craindre une journée pluvieuse mais le soleil revient vite et nous reprenons avec plaisir la piste de la veille. Nous atteignons l’asphalte avant un petit col qui nous entraîne ensuite jusque sur la côte.
Le tonnerre nous fait craindre une journée pluvieuse mais le soleil revient vite et nous reprenons avec plaisir la piste de la veille. Nous atteignons l’asphalte avant un petit col qui nous entraîne ensuite jusque sur la côte.
Nous nous arrêtons à Lindos, petit village touristique (mais traditionnel) aux maisons
blanches dominé par un château.
Les rues sont incroyablement étroites. Désertées depuis l’automne dernier, elles
sont aussi incroyablement calmes. Seuls résonnent des cris venant de la cour de
l’école qui nous rappelle celle de Vergisson… Nous arrivons à nous extraire
du petit centre labyrinthique pour aller nous nicher au pied de la forteresse
surplombant la mer.
Avec les pigments des minéraux et végétaux trouvés sur place, les enfants
improvisent ce soir-là un atelier peinture.
Mardi 18. Dans cette zone côtière du sud-est de l’île se concentre un
grand nombre de complexes touristiques. Comme partout en Grèce, une partie non
négligeable des constructions n’est pas achevée, inhabitée et souvent à
l’abandon depuis bien longtemps. Le gâchis de millions de tonnes de béton coulées
pour rien nous choque à chaque fois. De qui, de quoi vient cette gabegie ?
Le plan d’occupation des sols parait complètement anarchique. Les abords des
constructions ressemblent le plus souvent à des champs de bataille jonchés de déchets
et clairsemés de monticules de terre, de gravas végétalisés. Comble de
l’absurde, nous longeons des complexes touristiques déments où chaque
appartement, même en étage, a sa piscine. Non-sens écologique, non-sens social... Pourquoi avoir envie de venir s’entasser
par milliers au même endroit pour vouloir se retrouver seul dans sa piscine, à
quelques mètres de la mer ? Pour nous, c’est un mystère… et un signe de
plus de la folie d’une société qui marche à grand pas vers la planche savonnée qui
l’entraînera dans le vide.
Alors nous sommes contents de retrouver l’intérieur des terres, de nous
installer dans une petite clairière, près d’une rivière.
Mercredi 19.
Nous n’avons pas encore vu de cerf, l’animal emblématique de Rhodes, mais, croisant notre chemin, nous nous sommes retrouvés plusieurs fois face à des biches. Cette fois nous avons la chance d’en observer plusieurs dizaines, à découvert, le long de notre route.
Jeudi 20.
Nous n’avons pas encore vu de cerf, l’animal emblématique de Rhodes, mais, croisant notre chemin, nous nous sommes retrouvés plusieurs fois face à des biches. Cette fois nous avons la chance d’en observer plusieurs dizaines, à découvert, le long de notre route.
Jeudi 20.
Nous sommes désormais proche de la côte ouest. Encore en
montagne, la route est belle, zigzaguant le long de gorges, au milieu des forêts
de pins, avec des parties en balcon donnant tantôt des vues sur les sommets,
tantôt sur les îles du Dodécanèse. A midi, nous arrivons au niveau de la mer
pour un pique-nique sur la plage. Nous repartons ensuite à la recherche d’un
terrain plat et bien drainé pour passer une nuit qui s’annonce pluvieuse.
Vendredi 21.
Après un sommeil perturbé par un crapaud venu nous faire un petit coucou et quelques crottes, nous attendons la fin des intempéries et le séchage complet de la tente pour repartir. Cela évite d’avoir à la ressortir plus tard. Ce matin, nous avons le temps car nous n’avons qu’une vingtaine de kilomètres à faire pour atteindre Koskinou, où un petit décrassement nous attend après six jours sans douche. Nous prenons possession d’une petite maison traditionnelle avec ses couchages en hauteur et son sol couvert de cailloux dessinant des motifs.
Nous nous retrouvons là où nous aurions dû être à notre arrivée à
Rhodes si notre bateau n’avait pas été annulé. Zuzana, la propriétaire, nous
permet là de récupérer gracieusement les trois nuits que nous avions perdues lorsque
nous étions restés bloqués à Santorin.
Samedi 22, dimanche 23.
Nous préparons la suite du voyage, nous nous baladons dans Koskinou et,
comme à chaque fois que nous disposons d’un four, nous faisons des gâteaux dans
le moule que nous trimbalons depuis l’Albanie. En bonus, un petit plaisir
exceptionnel : nous prenons le temps de regarder les dernières courses du
championnat du monde de biathlon et le match de rugby Pays de Galles - France !
Ça change du vélo !
Lundi 24.
Nous quittons la jolie maison de Zuzana dans laquelle nous
avons passé un beau weekend de repos.
Nous avons rendez-vous en fin de matinée sur un stade d’athlétisme avec
Vasiliki, professeure de français, sa fille et huit collégiens de 14 ans. Un
programme ERASMUS permet à ces élèves apprenant le français de faire un échange
avec un collège de Normandie et de travailler sur un projet concernant les jeux
olympiques. Pour notre venue, Vasiliki et les élèves ont préparé un entretien
portant sur l’aventure, le voyage, le sport et l’enfance. Ils ont bien bossé et
ils ont plein de questions à nous poser. Lison et Anatole, un peu intimidés au
début, se prêtent au jeu : ils répondent, montrent, expliquent !
En début d’après-midi nous retrouvons Rhodes et la maison de Théodore
qui nous avait déjà accueillis lors de notre arrivée sur l’île.
Mardi 25.
Rebelote. Nous avons cette fois-ci rendez-vous dans une
école privée qui compte environ 500 élèves, de la maternelle au lycée. Meni,
professeure de Français nous accueille et nous fait visiter l’établissement. Nous
sommes impressionnés par les installations (sportives notamment car l’école a
sa propre piscine de 25 mètres) et les équipements.
A 11 heures, nous accueillons 52 collégiens dans une salle de
conférence.
Même devant cet auditoire bien garni, et comme la veille, les enfants assurent
et répondent aux questions.
Par ces réponses, par notre discours, par la présentation de notre mode
de vie, de notre façon de voyager, nous espérons avoir donner envie à ces
jeunes de sortir de chez eux, de se rapprocher de la nature, d’aller la
découvrir. Sans connaissance de la nature, sans proximité avec elle, comment
être sensible aux enjeux écologiques, aux enjeux climatiques, aux défis que l’humanité
doit relever pour tenter d’éviter le pire ?
De retour « à la maison », Théodore, qui a demandé aux enfants s’ils aimaient le chocolat, court à la pâtisserie nous acheter un magnifique et délicieux gâteau ! Dans ce monde qui souvent ne tourne pas rond, nous sommes heureux de ces rencontres. Les attentions des gens, leur gentillesse, les échanges que nous avons avec eux nous donnent de l’énergie, sans doute plus que nos platées de pâtes !
La Crête, Naxos, Santorin, Rhodes : les îles ont quelque chose de
rassurant car on y a des points de repères, des habitudes, des contacts, des
connaissances que l’on retrouve. Mais finalement on s’y sent peut-être un peu coincés,
perdant un peu de l’esprit d’un voyage itinérant. Alors, le printemps
approchant, il est désormais temps d’entrer en Turquie. Demain nous serons en
Asie mineure…