mardi 16 juillet 2019

C'est parti.

Vendredi 12 juillet. Le départ.
Les conditions sont idéales pour commencer : une vingtaine de degrés, un très léger vent et un ciel dégagé.
La veille, Irena, qui nous a gentiment accueilli, nous a préparé un délicieux plat polonais. Ce matin, un copieux petit déjeuner nous attend. Si les jambes n’ont pas beaucoup tourné ces derniers temps, les ventres sont prêts.
Les premiers kilomètres s’avalent facilement sur de petites routes sans difficulté et sans circulation.
Nous traversons Przemysl, sensiblement de même taille que Mâcon, sans encombre. Nous dépensons nos premiers zlotys pour le pique-nique du midi.


Le relief s’accentue ensuite peu à peu. Dans cette région des Basses Carpates, nous pénétrons progressivement le massif montagneux.
Nous avons choisi Kalwaria pour nous arrêter. Cela fera 45 km, bien suffisants pour une première étape, d’autant plus que les deux derniers kilomètres sont annoncés avec une pente à 19 %. Pas faux…
Arrivés là-haut, nous découvrons un mini Lourdes avec un sanctuaire où une image baroque de la Vierge, peinte sur le lin, devint célèbre pour les miracles accomplis en sa présence.
Nous trouvons un grand espace susceptible d’accueillir notre tente. Nous demandons la permission. On nous propose une chambre pour quelques zlotys. Nous ne nous faisons pas prier et passons notre première nuit dans une maison de pèlerins où les chants résonnent dans les couloirs, ce qui fait beaucoup rire les enfants.
A posteriori, nous comprenons mieux l’enthousiasme des gens qui nous demandaient en route où nous allions.




Samedi 13.
Les enfants roulent bien. Nous enchaînons de petits cols mais le temps n’est pas de la partie. Nous nous arrêtons fréquemment pour nous mettre à l’abri. Nous choisissons d’écourter l’étape. Alors que nous nous ravitaillons en eau dans un hameau, trois types en voiture nous invitent à les suivre pour venir planter la tente chez eux.
Nous finissons finalement dans un garage, au sec !
Tadeus vit avec Adrian, son fils et le reste de la famille. Le troisième larron est russe et sans doute un employé des précédents. Il reste un moment avec nous dans le garage où il se siffle une bouteille de vodka… Tadeus nous dit que c’est un bon gars. Il lui demande de partir, nous ne le reverrons plus. Les enfants s’amusent à imiter Daniel, quittant le garage, titubant et manquant de tomber.
Tadeus et Adrian sont bûcherons, ils travaillent avec leurs chevaux pour débarder le bois, là où les engins ne passent pas. Six mois de l’année, ils partent gagner leur vie en Belgique (avec leurs chevaux), le reste du temps ils sont en Pologne. Ils parlent quelques mots de français, d’anglais et d’allemand. Nous nous comprenons.


Dimanche 14.
Il a plu toute la nuit, nous ne quittons pas notre garage avant 11h. Nous remercions chaleureusement Tadeus et gagnons tranquillement la frontière sous un ciel de moins en moins sombre.
Nous attendons une heure pour voir nos passeports tamponnés.
L’Ukraine s’offre à nous. Le dépaysement est immédiat. Il faut tout d’abord trouver à changer de l’argent… Rien à l’horizon, à part quelques baraquements où se vendent des vêtements contrefaits. Nous demandons de l’aide à un Polonais qui nous avait auparavant donné gâteaux et fruits lorsque nous patientions au poste frontière.
Il m’embarque dans sa voiture. Nous nous arrêtons près d’une camionnette blanche d’où un type descend les mains pleines de billets. « Mafia, but no problem » me souffle le Polonais. Le taux de change est bon, nous voilà avec nos premiers hryvnias en poche.


Nous sommes dans la vraie campagne : des champs, des fleurs, des forêts, de belles collines, de petites maisons souvent en bois, de grands potagers, des poules dans les fossés, des chiens errants. Dans les villages, les gens sont dehors. Ils sont souriants, font un geste. Un gamin vient vers nous sur son vélo rafistolé, il serre la main d’Anatole, puis repart.
Les églises et les chapelles ont des bulbes tous plus reluisants les uns que les autres.
Les routes sont défoncées mais larges, il y a peu de voitures, les gens se déplacent dans des petits bus souvent bondés.
C’est très exotique. Sous nos yeux, des scènes d’antan : les grands-mères, un fichu sur la tête, font paître leur vache tenue en laisse, les foins se font à la main, des chevaux tirent les charrettes…
Des gosses faisant hurler leur enceinte bluetooth sous l’abri de bus nous rappellent que nous sommes bien en 2019.
A l’heure de planter la tente, Andrej et Julia nous proposent leur jardin. La maison accueille quatre générations. On nous offre le thé, des pâtisseries. C’est très touchant. Malgré leurs conditions de vie modestes, ils sont généreux, très gentils et restent discrets, sans doute impressionnés par nos beaux vélos et ce qu’ils représentent.


Lundi 15, mardi 16.
Julia nous offre des tablettes de chocolat et des biscuits. Après avoir tiré l’eau du puits pour remplir nos gourdes, nous reprenons la route, les yeux grands ouverts et le cœur léger, à la découverte de l’Ukraine.
A Jasenycja Zamkova, nous nous arrêtons dans un gîte pour deux nuits et une journée de repos.

11 commentaires:

  1. Bonsoir Cécile, et compagnie....
    C'est top de lire toutes ces nouvelles et merci de nous faire voyager avec vous.
    Profitez bien de votre repos,
    Toutes mes pensées vous accompagnent,
    Anne Assénat

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  2. Bonjour, merci beaucoup pour ses belles photos! C'est super!
    Grosses bises !
    Bastien, Lisa, Anne Laure

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  3. Merci pour ce premier récit! En effet, le dépaysement est immédiat, et la météo vous a déjà taquiné... espérons que cela soit le plus rare possible.
    Les rencontres ont l'air aussi bien agréables. On pense souvent à vous.
    Gros bisous à tous les 4

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  4. Vous êtes trop forts ! Je vous souhaite plein de beau temps pour la suite du parcours.

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  5. Sublime !!! Gros bisous, les Ecarot.

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  6. Avec Zélie nous venons de parcourir vos "debuts" de périple !!!
    "C'est très beau et trop bien le voyage à vélo "et les photos(Zélie)

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  7. Bwahaha ça commence de manière pour le moins folklorique :D
    Déjà des photos bien sympas, j'espère que votre électronique grillera pas lors de votre passage à Prypiat <3

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  8. Coucou Cecile,
    C’est génial de vous suivre, nous partageons avec les enfants vos étapes! Nous pensons bien à vous en parcourant l’Europe de l’Est : aujourd’hui, Prague en vélo avec un peu de pluie aussi...!
    Bonne route, bises.
    Gaëlle Mennetrier & Cie

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  9. Coucou Cécile et la petite famille,
    De très beaux paysages bien VERTS.... merci pour ce depaysement 😀 et bonne continuation! bizz . Sandrine 🚲

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  10. Amigos y valientes!! Un abrazo desde "vuestra" casa de Orio. Os deseamos un viaje lleno de buenas experiencias y gran aprendizaje.

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  11. J'adore lire vos récits. ... Ça me fait voyager et me rafraîchit car nous de nouveau canicule. On pensera fort à vous ce soir sur votre Roche pour notre soirée filles! ��������
    Pleins de bisous à vous 4.
    Fabienne.

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