Mercredi 17.
Il faut faire des courses. Dans les épiceries, les
gens n’achètent pas grand-chose : des œufs, de la farine en vrac, quelques
pâtes. Nos sacoches ne sont pourtant pas bien grandes mais au moment de payer,
nous sommes presque gênés d’étaler ce qui constituera nos vivres pour deux ou
trois jours.
Si dans les campagnes l’économie semble tournée vers
l’autoconsommation avec des gens qui vivent de ce qu’ils produisent, en ville
cette économie de subsistance se traduit sous nos yeux par des rues dont les
sols des trottoirs sont occupés par ce que chacun à vendre. Des gens se
déshabillent pour essayer des vêtements, une fille attend assise devant un pot
de confiture, un autre vend des pièces de moteur… Nous ne nous attendions pas à
ça, en tout cas pas autant.
Cela n’empêche pas les gens d’être agréables, de nous
parler, d’avoir une petite attention. Nous nous sentons bien.
En milieu d’après-midi, il est facile de trouver où
planter la tente. Deux bergères et leur troupeau de vaches viennent nous faire
un petit coucou.
Jeudi 18.
Nous n’avons plus guère d’eau. Aux premières maisons,
une dame vient avec un seau pour nous ravitailler. Son mari nous fait la
discussion. La voisine apparaît. Une course s’engage : chacune se met à
courir dans tous les sens et nous repartons avec du lait, du fromage, des
groseilles, un pot de cassis et des petits pois !
La route est parfaitement asphaltée et étonnamment il
n’y a aucune circulation. Nous croisons seulement quelques skieurs à roulettes
près d’un centre d’entrainement. A un point de contrôle, des militaires nous
demandent nos papiers et consignent quelques informations dans un cahier
défraîchi. Même si les conflits ont lieu de l’autre côté du pays, l’Ukraine est
un pays en guerre. Passé ce checkpoint, la route redevient atroce et nous
descendons du col à peine plus vite qu’à la montée.
Nous quittons cette route principale pour une plus
petite. C’est évidemment pire. Il n’y a même plus un centimètre carré de
bitume, mais c’est un vrai régal de monter un nouveau col en mode
VTT !
La descente est épique, ça saute dans tous les sens.
Après un village, nous trouvons un terrain plat près d’une petite rivière. Une
partie de la soirée est occupée à resserrer des vis et des boulons pendant que
les enfants font un feu et jouent au bord de l’eau.
Nous roulons jusqu’à Volovec, où nous trouvons
une Садиба (sadyba, sorte de maison d’hôtes). Dans cette petite ville de
moyenne montagne, la grisaille soviétique s’affiche avec quelques immeubles d’époque
dont on se demande encore comment tiennent les balcons. Nous apercevons
également quelques touristes descendant de leur bus, des panneaux indiquant des
stations de ski, des randonneurs à pied et quelques berlines allemandes qui
côtoient les Lada le long des trottoirs. Volovec est pour le moins une ville de
contrastes…
Lison s’est faite coiffer par la patronne. Après un
bon petit déjeuner nous reprenons la route.
Ces derniers temps, nous faisons environ 35 km chaque
jour (départ 10h, fin de l’étape vers 16h). Aujourd’hui ce sera
moins (22 km) : cela nous laisse le temps de profiter d’une sadyba où
nous sommes accueillis royalement. Louba et Piotr sont aux petits soins.
En Ukraine nous pouvons nous permettre de nous offrir
une nuit en dur avec le repas du soir et le petit déjeuner. Nous en profitons
et Louba nous gâte, c’est délicieux… N’en abusons pas trop cependant, les
enfants nous demandent déjà le prochain camping sauvage.
Dimanche 21.
En ce jour de messe, dans un pays où beaucoup de gens
se signent dès qu’ils passent devant la moindre croix (et il y en a !), il
y a affluence autour des églises. C’est aussi jour d’élections législatives. Le
parti du président comédien fraîchement élu est donné grand favori. Il y a de
l’animation dans les villages et les femmes ont mis leurs plus belles robes.
Côté vélo, l’ascension d’un col nous fait pénétrer
dans le parc national de Synevir. En haut les enfants ont bien mérité un petit
porte clé Lada, à ranger avec tous leurs trésors.
On a beau être dans un parc national, les bords de
routes, les rivières sont jonchés de bouteilles et de détritus en tout genre.
Nous avons souvent du mal à trouver des poubelles et rares sont celles qui
semblent avoir été vidées un jour.
Les villages s’étirent le long des routes, parfois sur
plus de dix kilomètres. Il y a toujours quelque chose à voir et les kilomètres
défilent sans qu’on s’en rende trop compte. Alors que les habitations se font
plus rares, la route devient piste et il nous faut encore plus d'une heure pour
atteindre le sommet du col synonyme de pique-nique bien mérité. Nous
l'agrémentons de myrtilles, il y en a plein les montagnes.
Nous nous laissons ensuite descendre dans la vallée où
un petit chalet nous attend pour une journée de pause. Opération lessive et
shampoing anti-poux (Petit souvenir de Davayé !).
Nous avons regardé votre ancien blog. Comme les enfants ont changé !!
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